Thuburbo Majus, Tunisie

Thuburbo Majus est un site archéologique situé au nord de la Tunisie, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Tunis, près de l’actuelle ville d’El Fahs dans le gouvernorat de Zaghouan. En effet, la cité de Thuburbo Majus présente le double avantage d’être localisée dans une riche région céréalière et au carrefour de routes commerciales. Elle comptait plus que 10000 habitants au deuxième siècle après J.C et était une immense ville, prés de 40 hectares, mais seulement le 1/6 de la surface a été fouillé. Les fouilles sont restées incomplètes malgré plusieurs campagnes qui ont livré un matériel important déposé au Musée national du Bardo.

Les édifices imposants témoignent l’importance de cette métropole provinciale d’origine berbère dont l’époque de fondation est inconnue. On suppose que l’endroit était déjà habité auparavant par les Berbères puis, de manière assurée par les phénico-puniques. Lors des guerres puniques, Thuburbo Majus s’allie à Carthage et lui reste fidèle. En la taxant lourdement, Rome lui fait chèrement payer son alliance.

Le site du Thuburbo Majus était une colonie de vétérans romains. Suite à une expansion rapide, cette ville s’élève au rang de Municipe en 128 sous le règne d’Hadrien et parvient à maturité entre 150 et 250. Sa prospérité repose essentiellement sur le commerce entre les villes côtières et l’intérieur des terres. A cette époque, la ville comptait entre 7000 et 12000 habitants. En 188, la cité s’élève encore au rang de colonie romaine sous l’empereur Commode. L’intégration à l’empire et la prospérité permettent à Thuburbo Majus de se parer d’édifices. Elle se couvrit de monuments et de villas bien décorées de mosaïques, mais elle entre en déclin sous le coup des invasions vandales et de la conquête arabo-musulmane. La  colonie est fortement endommagée par un tremblement de terre.

Totalement abandonnée, l’archéologue français Charles Joseph Tissot arrache Thuburbo Majus de l’oubli en 1857, il la fera revivre. Les fouilles sont reprises en 1912 puis vers 1930 et enfin en 1957. Un siècle et demi après sa découverte, les fouilles sont encore inachevées en raison de l’ampleur du site. Après les fouilles effectuées sur cette ville, l’importance de ses ruines constitue l’un des plus beaux sites archéologiques en Tunisie. Les ruines du Capitole, le plus important d’Afrique, avec son podium, le sanctuaire des idoles et le forum, la palestre de Petronii avec sa célèbre mosaïque des boxeurs obèses, et les thermes d’été et d’hiver avec leurs différentes piscines, sont autant de sites à découvrir.

Les édifices religieux :  

  • Le capitole : Installé sur un promontoire, ce monument a été édifié en 168 après J-C et domine toute la ville de Thuburbo Majus. Il s’élève sur une plate forme de pierre géante et possède 4 colonnes blanches intactes qui se dressent dans les cieux. Les quatre piliers de calcaire rose indiquent l’entrée à ce temple. Le capitole est dédié aux empereurs Marc Aurèle et Commode et protégé par la triade : Jupiter, Minerve et Junon. En grimpant par des escaliers sur la petite esplanade, on dispose d’une vue magnifique sur l’ensemble du site.

  • Le Temple de Baalat : Ce Temple n’est pas exceptionnel. Il possède une forme carrée et se connaît par ses deux piliers gris striés de jaune. Ce sanctuaire est constitué d’une vaste esplanade entourée de murets. Quatre impressionnantes colonnes corinthiennes de 8.5 mètres ont survécu sur la façade initiale. Leur taille est comparable à celle du capitole de Dougga.
  • Le Temple de Junon Caelestis : Ce sanctuaire est connu par son arche complète en pierre jaune. Il est consacré à un avatar romain de Tanit et transformé après à une église byzantine.
  • Le Temple de Mercure : Ce temple possède un péristyle circulaire possédant huit colonnes.

Les édifices publics :

  • Le Forum : Adossé au Capitole se trouve le forum. Il possède une forme carré à péristyle de 45 mètres de côté, bordé sur trois côtés par des portiques. Il s’agit d’une grande esplanade qui sépare le capitole et certains quartiers d’habitations où subsistent les murets en pierres sèches. À proximité, on trouve les vestiges de la curie, dont l’aménagement intérieur a pu être restitué.
  • Le Marché : En contrebas du Forum, il s’agit d’un vaste espace plat entouré de murs et abrité par plusieurs eucalyptus. Le marché est constitué de plusieurs dizaines de boutiques de quelques mètres carrés.

Les édifices de loisirs :

  • La palestre des Petronii : Offert à la ville par la famille Petronii, la palestre était destinée à la pratique du sport. Il s’agit d’un vaste espace entouré par un vaste portique supporté par 12 colonnes corinthiennes en marbre gris veiné de jaune. Dans ce complexe, les romains pratiquaient quelques activités sportives.
  • Les Thermes d’hiver et les Thermes d’été : Les vestiges des thermes d’hiver et d’été, avec leurs remarquables mosaïques, témoignent de l’architecture des bains de l’époque romaine. Les thermes d’hiver mesurent 1600m2 répartis en plusieurs salles modestes. Ils possèdent une importante entrée avec 4 colonnes de marbre veiné. Le sol est encore recouvert de mosaïques représentant des motifs géométriques. Les thermes d’été couvraient 2800m2. Situés près du portique de Petronii, ils étaient très richement ornés. L’édifice est considéré comme un édifice de taille moyenne, avec un frigidarium de 125m2. Ces thermes ont subi de nombreux remaniements non datables mais qui ont été restaurés de façon assurée.

Quartiers d’habitation :

En continuant à descendre dans les dédalles de ruelles, on trouve plusieurs habitations. Environ une vingtaine de maisons privées ont été dégagées puisque l’habitat privé a été moins l’objet de fouilles que les monuments publics ou religieux. Heureusement, de nombreux passages sont encore en place et recouverts de mosaïques magnifiques. Dotées d’une richesse artistique majeure, les villas privés sont très immenses jusqu’à 1000m2. À proximité du forum, on retrouve des habitations luxueuses dont le sol est recouvert de mosaïques de marbre. Certaines habitations possèdent un système de chauffage.


Retour aux sites archéologiques